Cette création peut se concevoir comme le troisième opus des créations itinérantes précédentes qui s’étaient déroulées à Briey et à Vercorin, accueillies par un public nombreux et enthousiaste.
Souviens-toi de l’Avenir est un spectacle itinérant qui se déroule dans les ruelles du village de Chalais. Inspirée par la Fanfare l’Avenir de Chalais, cette création artistique emmène son public dans un voyage fabuleux et mythologique. Les ambiances sonores et le récit poétique invitent le spectateur à remonter le fil du temps comme on remonterait un cours d’eau. Le village devient le théâtre vivant d’une expérience inédite, rendue possible grâce à la déambulation et à une technique innovante mise au service du son.
Fanfare…. Ce mot semble mimer le son du souffle dans un cuivre, et provoque en nous une multitude d’images, de jugements ou de souvenirs. Yeux fermés, nous avons en nous le dessin bien précis des uniformes, du mouvement des défilés, de la fanfare festive ou encore d’une marche solennelle aux accents militaires qui rendent hommage aux saints et aux morts. La création Souviens-toi de l’Avenir convie toutes ces mémoires pour les faire vivre, leur donner corps et vitalité, ou bien au contraire les renverser, têtes à l’envers.
La temporalité est le pivot central de cette création itinérante ; les sons agissent comme une madeleine de Proust. Le public remonte le cours du temps et déambule dans le village de Chalais, casques sur les oreilles. L’acoustique des époques chante à nos oreilles et ressuscite le temps rural, celui d’avant la fanfare, rythmé par la cadence des troupeaux en marche, par les voix qui fredonnent dans les champs, accordé au roulement des chars et aux sabots des chevaux frappant la terre battue. Au gré des ruelles et des hangars, le public découvre l’acoustique sourde des carnotzets, celle des brouhahas ponctués de silence, des bruits de chaises en bois, de verres et de bouteilles. Il devient témoin, et assiste à une véritable genèse : celle de la naissance de la musique.
Au commencement régnait le silence. La terre était plongée dans une nuit épaisse et dense. Solitaire, elle tournait sur elle-même. Ce mouvement incessant engendra peu à peu les saisons, le cycle des labeurs et du temps. Naquit alors la lumière et le son. Tout d’abord informes, pétries par la matière, les tonalités s’affinaient peu à peu, à mesure que les oreilles s’ouvraient pour les recevoir et les écouter.
L’entrée d’un voyageur insolite brisera cette cadence parfaitement rythmée. Car sous l’apparent chaos vibre pourtant une harmonie secrète, organique.
L’étranger est tout d’abord accueilli avec méfiance. Le tableau sonore est pesant, en tension. Sous les volets ouverts, les fenêtres des maisons semblent le dévisager comme autant de yeux soupçonneux. Le rapprochement des deux univers se fera pourtant peu à peu. Le sésame qui permettra aux deux univers de se rapprocher sera la trompette, brillante et lustrée que le déserteur manie avec aisance. Il transmet ce savoir autour de lui, initiateur d’une nouvelle organisation sonore, d’un nouveau monde : celui de la Fanfare.
