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A la mémoire de Richard Métrailler (1954-2017)

Tristesse ou soulagement, incompréhension ou acceptation, déception ou désespoir. Pour les proches d’abord, mais aussi pour tous ceux qui l’ont connu, il est bien difficile d’imaginer cet adieu à la vie, ce moment où tout s’arrête. Richard s’en est allé dans la douleur de la séparation, après avoir connu et subi les chemins de la diminution et de la déliquescence physique. Rongé par la maladie qui avance chaque jour un peu plus, à son rythme irrégulier et imprévisible, il aura vu alterner l’espoir des rémissions et les désillusions des rechutes. Car il avait été frappé par une bombe à retardement dont on ignore la taille, le système d’allumage et les effets collatéraux.

Pour un professeur enseignant à l’Ecole de commerce de Sion, perdre la voix, c’est toucher à l’essence même de son existence. A côté de cette activité professionnelle, il cultivait la passion de la musique qu’il pratiquait comme professeur de percussion et directeur de l’orchestre du conservatoire. La musique, ce moyen d’expression et de communication qui ne connaît pas de frontière, s’est éloignée de Richard, qui s’est retrouvé empêché de l’enseigner et de diriger cet orchestre dont il s’est occupé pendant dix ans.

Né à Chalais, il a fréquenté l’université de Fribourg pour ses études de lettres. En parallèle, il a cultivé ses talents musicaux au Conservatoire de Genève où il a décroché une virtuosité. Parler de talents pour Richard est un euphémisme, tant il en avait. Pourtant, ce supplément d’âme n’a jamais pris le pas sur sa modestie, sa gentillesse et son abord facile.

Il avait un lien particulier avec la fanfare de Chalais dont il fut le directeur pendant quinze ans (1990 – 2004). Et c’est lui qui a fait évoluer cette société pour qu’elle devienne un orchestre d’harmonie. En 1995, à l’occasion des 150 ans de l’Avenir de Chalais, il a été l’homme – clé de la mise sur pied d’une adaptation populaire et de grande qualité de la comédie musicale « Les Misérables ».

En 1998, il inscrit l’Avenir de Chalais à un concours télévisé, le « Swiss Music Pa rade ». La finale de Willisau a été remportée grâce à son enthousiasme contagieux. Puis, il a assuré la direction musicale et artistique d’une opérette « La belle Hélène » et d’un opéra – bouffe « Carmen » en fédérant, par sa passion débordante, les autres sociét és locales chalaisardes.

Sa famille, soudée aussi par les liens de la musique, a perdu un époux, un père ou un frère. On imagine leur peine et leur révolte, leur tristesse et leur accablement. Ils doivent vivre avec le souvenir, cette présence invisible. Mais aujourd’hui, il nous suffit de lever les yeux pour prendre la mesure, saisir la portée et savoir que Richard a découvert une quatrième clé, à côté de celles de fa, de sol ou d’ut: la « clé – de – ciel ». Là – haut, il a certainement déjà constitué un orchestre qui joue en parfaite harmonie.

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